Arthur Rimbaud

Arthur Rimbaud

1854-10-20 Charleville-Mézières, França
1891-11-10 Marselha, França
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Romance

Romance


When you are seventeen you aren't really serious.

-One fine evening, you've had enough of beer and lemonade,
And the rowdy cafes with their dazzling lights!
-You go walking beneath the green lime trees of the promenade.
The lime trees smell good on fine evenings in June!
The air is so soft sometimes, you close your eyelids;
The wind, full of sounds, - the town's not far away -
Carries odours of vines, and odours of beer...

II

-Then you see a very tiny rag
Of dark blue, framed by a small branch,
Pierced by an unlucky star which is melting away
With soft little shivers, small, perfectly white...
June night! Seventeen! - You let yourself get drunk.
The sap is champagne and goes straight to your head...
You are wandering; you feel a kiss on your lips
Which quivers there like something small and alive...


III


Your mad heart goes Crusoeing through all the romances,


-When, under the light of a pale street lamp,
Passes a young girl with charming little airs,
In the shadow of her father's terrifying stiff collar...
And because you strike her as absurdly naif,
As she trots along in her little ankle boots,
She turns, wide awake, with a brisk movement...
And then cavatinas die on your lips...
IV


You're in love. Taken until the month of August.
You're in love - Your sonnets make Her laugh.
All your friends disappear, you are not quite the thing.


-Then your adored one, one evening, condescends to write to you...!
That evening,... - you go back again to the dazzling cafes,
You ask for beer or for lemonade...

-You are not really serious when you are seventeen
And there are green lime trees on the promenade...
Original French

Roman

I


On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.

-Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
-On va sous les tilleuls verts de la promenade.
Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière....


II


-Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon
D'azur sombre, encadré d'une petite branche,
Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche...


Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête...
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête....


III


Le coeur fou Robinsonne à travers les romans,
Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l'ombre du faux col effrayant de son père...


Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif....


-Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV

Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août.
Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût.

-Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire...!
-Ce soir-là,... - vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade..
-On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
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